« Au commencement était le Verbe » ! Pour l’homme politique, cette parole d’évangile est avérée puisque c’est ce magistère du verbe, de la transmission orale de ses valeurs, de ses idées, qui forgera sa crédibilité au long cours et cela dès son entrée dans la carrière.
Mais au-delà du verbe, au-delà des mots, c’est surtout la façon de l’incarner qui fera la différence.
La maîtrise de sa communication non verbale (expressions faciales, placement et timbre de la voix, gestuelle…) est l’un des facteurs de réussite.
Le body language d’un homme politique, lors d’un débat télévisé ou d’un discours à la tribune, influe directement sur la construction de son image, de sa crédibilité, de sa popularité. Selon le Professeur Jerry Shuster, de l’Université de Pittsburgh-Pennsylvanie – le langage du corps, les tics, mimiques et autres expressions faciales représentent 85 % de ce que le public retient d’une communication orale [1]. Les intervenants (les hommes politiques) ont besoin de savoir comment fonctionne le cerveau ce ceux qui les écoutent (les électeurs). Face à la complexité d’un raisonnement politique, économique ou social, le cerveau du téléspectateur va chercher une information plus facile à comprendre, plus stimulante ou plus génératrice de plaisir.
Le langage corporel ou le style vestimentaire de l’orateur vont remplir cette fonction. Il est donc essentiel que ce complément d’information capté par le cerveau du téléspectateur lui permette de bien comprendre ce qu’il n’a pas directement enregistré : le body langage doit donc faciliter, voire amplifier la compréhension du message oral !
La femme ou l’homme politique doit avoir à l’esprit qu’une part importante de ses électeurs n’a pas la capacité de comprendre toutes les subtilités ou nuances d’un discours, complexe. Tous ne sont pas des experts en Économie, en Sciences-Politique ou en Relations Internationales… En revanche, ce qu’ils pourront tous comprendre et qui accrochera prioritairement leur attention, c’est le « comportement » de l’orateur lors de sa prise de parole, sa sincérité apparente, son tempérament, l’expression de sa personnalité, en d’autres termes, la façon dont le corps de l’orateur incarnera son message.
5 astuces à prendre en compte, pour un homme politique, afin de réussir ses prises de parole en public :
1. Accordez beaucoup d’importance à la première impression que vous allez laisser
Vous avez environ 30 secondes pour faire « bonne impression ». La recherche scientifique, montre que la première impression est souvent la bonne. Des chercheurs de l’Université de Standford – Californie [2] ont demandé à un échantillon représentatif de regarder une vidéo de 30 secondes où étaient filmés des enseignants de collège. Ils ont ensuite demandé à cet échantillon d’évaluer ces enseignants sur la base de traits de personnalité positifs ou négatifs perçus. Chaque interviewé, devait ainsi dire ce qu’il pensait de l’enseignant. Il est troublant de noter que les appréciations de cet échantillon recoupa dans des proportions supérieures à 80 % les appréciations d’élèves ayant suivi le même enseignant pendant un semestre entier. En 30 secondes, l’opinion que le public va se forger sur la personnalité de l’orateur est quasiment définitive !
2. Faites travailler vos mains
Nos cerveaux prêtent énormément d’attention aux mains, sans que nous en ayons réellement conscience. Il en fut ainsi de l’homme primitif, qui avant d’accorder sa confiance à un inconnu attendait d’avoir examiné ses mains pour s’assurer de paumes bien ouvertes, ne dissimulant ni arme ni poing serré. Nous aussi avons ce besoin inconscient de voir les mains de la personne que nous avons en face de nous pour décider si nous allons pouvoir lui faire confiance et accorder du crédit à ce qu’elle dit.
Si vous êtes amené à prendre la parole en public, ou à faire une apparition dans les médias, vos mains doivent être bien visibles et vivantes. De cette façon, vous aiderez vos auditeurs à vous apprécier davantage et à faire confiance à vos propos.
3. Souriez naturellement
Beaucoup de personnes essaient de couvrir leur nervosité ou leur stress lors d’une prise de parole en public par un sourire. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, à condition qu’elle soit faite correctement : un large sourire de bout en bout. Un sourire mal fait (un sourire couvrant un côté de la lèvre sans l’autre) peut exprimer, de façon non intentionnelle, la haine ou le mépris.
Le sourire est un élément important dans la création de liens relationnels, mais il doit être franc, authentique et bien fait. Pour ce faire, nous vous conseillons de préparer un élément de langage qui facilite le déclenchement d’un sourire naturel et plaisant.
4. Gardez la tête haute !
Une des erreurs de certains hommes politique, consiste à regarder leurs notes au beau milieu d’un débat, d’un discours ou lorsqu’ils sont nerveux. Or, lorsque vous regardez vers le bas, vous inclinez votre tête et cela est perçu comme un signe de soumission, la « soumission » étant bien sûr la dernière des postures qu’un candidat veuille présenter au public. Ainsi, pour paraître fort et optimiste, il toujours bon de garder la tête et le menton hauts.
5. Faites des gestes de remerciements envers le public
Il s’agit de gestes hauts et amples, de gestes de remerciements.
Ainsi, Barack Obama aime-t-il pointer du doigt, avec un large sourire, certains membres du public, une façon sous-jacente de dire : « c’est grâce à toi et c’est pour toi ». Angela Merkel met sa main sur son cœur pour remercier; cette image est dans toutes les mémoires depuis la victoire de l’équipe d’Allemagne en finale du Mondial de la FIFA 2014 au Maracaña de Rio de Janeiro. Lula, quant à lui, levait systématiquement son pouce pour ponctuer les remerciements à ses électeurs. Sans oublier la main levée, ses doigts formant le V de Victory, de Winston Churchill ! Ce sont des manières à la fois subtiles et mémorables pour marquer son territoire de communication, booster sa popularité et forger sa légende.